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L'Indonésie : Bornéo, l'île sauvage.

Bornéo est la quatrième plus grande île du monde derrière l'Australie, le Groenland et la Nouvelle-Guinée. Quand je suis à Bornéo, je suis toujours en Indonésie, du moins en partie. En effet, 3 pays se partagent l'île : la Malaisie un quart au nord, l'Indonésie trois quart au sud et le minuscule mais richissime sultanat de Brunei (reportez-vous à mon parcours). La superficie de la partie indonésienne est exactement égale à la superficie de la France. C'est dire si la France est un petit pays par la taille.

Ici le nom de Bornéo est peu usité, la partie indonésienne de l'île s'appelle Kalimantan. C'est une destination peu fréquentée, les voyageurs sont rares. On ne vient pas à Bornéo comme ça, il y a tellement d'autres endroits où aller, en Indonésie et ailleurs, avant de s'y aventurer.

Presque personne ne parle anglais, d'où beaucoup d'incompréhensions, quelques (petites) arnaques et quelques sautes d'humeur. Il a fait très chaud et la nourriture, c'est une catastrophe.

Il y a peu de voyageurs et rares sont les habitants qui ont quitté l'île. C'est comme une île ignorée et ignorante du reste du monde, repliée sur elle même. Aux antipodes de Bali. Elle vaut le détour, pour quelques jours seulement, mais ce n'est pas le plus bel endroit d'Indonésie, loin de là.



Les mines de diamants.


Près de Banjarmasin, des mines de diamants sont encore exploitées par plus de 200 chercheurs. C'est peut-être le moment ou jamais de m'enrichir, en prospectant dans les mines de Cempaka.

C'est une mine à ciel ouvert à fort potentiel. Il y aurait des réserves estimées à 33 millions de carats de diamants ! (soit 6,6 tonnes si mes calculs sont bons). En 1965 un diamant de 166 carats (33 grammes), gros comme un œuf de pigeon, a été découvert. Depuis cette date, les prospecteurs sont venus de plus en plus nombreux. Il y a des agates, de l'émeraude, du saphir, des aigues-marines, un peu d'or, etc...

La vie d'un mineur est une vie à risque. Il y aurait eu 400 morts depuis l'an 2000, dus essentiellement aux glissements de terrains. Mais aussi aux affrontements entre groupes de mineurs pour des questions de concessions violées.

C'est se battre pour pas grand chose, des m2 de gadoue et un salaire de misère. La pauvreté et les maladies sont leur quotidien et leur avenir. Ils pataugent tous les jours dans l'eau, la boue et la terre glaise, sous la chaleur, sous la pluie. Franchement, il n'y a pas de quoi se battre, sauf peut-être pour le rêve.

Ils se couchent en y pensant, dorment en y rêvant, se lèvent en espérant. Eux, et toute la famille qui est souvent venue de loin avec rien comme bagage. Je suis resté manger là-bas à midi dans leur gargote. Trois d'entre eux m'ont rejoint, ils n'étaient intéressés que par ma montre, ma chaîne et mes bracelets de pacotille. Je suis resté gentil, j'ai mangé et je suis parti.

Les conditions de travail sont très difficiles, les hommes sont plutôt jeunes et courageux. Ils auraient plus de chance de faire fortune en jouant à la loterie. C'est un monde d'illusions perdues d'avance. Sans doute le savent-ils. Mais encore et toujours le rêve...



Banjarmasin.


Banjarmasin n'est pas au bord de la mer (mais pas loin) mais au bord de la rivière Martapura. On l'appelle la Venise asiatique, c'est à croire que chaque pays a sa Venise...On l'appelle ainsi parce qu'il y a la rivière et aussi des canaux. Elle me fait plutôt penser à une ville du bord du Mékong.

J'ai pris un bateau à 5h30 du matin, le bateau de Joni.


Bornéo est une île presque à 100% musulmane. Des mosquées, il y en a partout. Au bord de la rivière et des canaux, l'habitat traditionnel est constitué de maisons sur pilotis en bois ou en tôles ondulées rouillées, parfois belles et colorées, parfois brinquebalantes, .


La vie au bord de la Martapura est calme, chacun s'affaire tranquillement à ses occupations quotidiennes. Chaque maison a ses toilettes dans une petite cabane au-dessus de la rivière, ainsi les déjections y tombent directement et se déplacent chez les voisins avec le courant. Ça ne les empêche pas de puiser l'eau pour se laver, faire la vaisselle et la lessive. Ça ne les empêche pas non plus de se rincer les dents avec. Leur haleine doit avoir un rapport avec le repas des voisins la veille...Les enfants s'y baignent et les pêcheurs aiment taquiner le goujon dans les parages.

Ci-dessous, le jeune homme puise de l'eau pour se laver près de la cabane des WC et ceux qui se font surprendre dans une position indélicate, le prennent avec le sourire.


Comme sur le Mékong, les marchés flottants font aussi partie des traditions de tous les jours à Bornéo.

Il est 6h00 du matin, le jour vient de se lever. Ne cherchez pas les hommes, il n'y en a pas, ils ont sûrement autre chose à faire (ou pas). Je trouve que les femmes sont habillées avec élégance pour travailler sur l'eau, elles n'en sont que plus charmantes, dans leur style musulman. C'est un marché de fruits et légumes très coloré où ça se bouscule parfois.

En plus de la rivière Martapura, des canaux parcourent la ville. L'ambiance, assez surréaliste, est à peu près la même sauf qu'en bateau, les canaux étant étroits, j'étais au plus près. L'habitat est pauvre comme les habitants. Presque toutes les maisons sont déglinguées, seule la mosquée est pimpante !


Comme souvent, ce sont les enfants qui font le spectacle !

Je n'ai pas vu un seul touriste à Banjarmasin et j'étais seul dans le bateau avec Joni qui m'a pris en affection. Il s'est arrêté au bord de la rivière et on s'est promené dans un quartier où il y a des écoles.

Chez les plus petits, les petites filles ne portent pas encore le voile et la classe est mixte. Ce n'est pas tous les jours qu'ils ont de la visite. Pour marquer l'événement, les maîtresses ont rassemblé les petits pour la pose photo.

Des jeunes écolières décontractées sur le chemin de l'école. Les jeunes filles ont le droit de sourire mais avec retenue. Elles ne doivent pas aller jusqu'à montrer leurs dents aux étrangers...

Chez les plus grands c'est différent. Les jeunes filles sont voilées, avec des voiles différents. Les classes sont toujours mixtes.

Dans cette école, garçons et filles sont habillés de blanc et de vert. Tous les jeunes garçons portent une toque appelée pici.

Et toutes les jeunes filles portent l'affreux hijab. Je suis triste pour elles. Il parait que porter le voile, c'est écrit dans le coran. Je n'ai pas vérifié, je ne lis pas les torchons.

A vrai dire, je n'ai pas vu d'enseignants...et je n'ai pas trouvé les élèves à leur affaire, mais plutôt en train de s'amuser. Comme c'est la première fois qu'ils recevaient la visite d'un étranger, Ils étaient tout excités et ça les a mis de bonne humeur. J'ai beaucoup aimé partager la joie et l'insouciance de ces enfants très sympathiques et curieux de me voir chez eux.

Une fois n'est pas coutume, c'était moi l'attraction.

Les orangs-outans.

J'ai fait 17 heures de bus de Banjarmasin jusqu'à Kumai, autant au retour 4 jours plus tard. J'ai été secoué comme c'est pas possible, mes fesses et mon dos s'en souviennent encore, c'était vraiment désagréable. Tout ça pour voir les orangs-outans du parc national Tanjung Puting.

J'ai pris une excursion de 3 jours/2 nuits sur un bateau sur la rivière Sekonyer en lisière du parc national. J'ai adoré !

La rivière Sekonyer longe le parc au nord. J'ai embarqué sur un beau bateau en bois (appelé klotok) blanc et bleu. J'étais seul avec 3 membres d'équipage...Le capitaine, un guide et une cuisinière. J'étais pour le moins gêné d'avoir autant de monde à mon service. Mais j'ai attendu une journée que d'autres touristes viennent, en vain. Je n'allais pas non plus attendre une semaine...

Je dormais à la belle étoile sur le pont du bateau, bercé par les bruits de la jungle qui n'ont pas réussi à troublé mon profond sommeil. Je vous présente ma suite royale.

Les orangs-outans (ou orangs-outangs) font partie de la famille des hominidés, c'est à dire de la même famille que les hommes, au même titre que les gorilles et les chimpanzés. Les orangs-outans et les hommes ont 97% d'ADN en commun. Ils sont très intelligents et sociables. Il n'en existe qu'à Bornéo et à Sumatra. J'ai vu ceux de Sumatra il y a quelques années.

Les femelles donnent naissance à un bébé tous les 8 ans, la gestation dure 9 mois. Le petit reste collé à sa mère jusqu'à ses 4 ou 5 ans. C'est mignon mais c'est aussi impressionnant lorsque la mère est sur la défensive et protège son bébé.

Le mâle tolère la mère seulement jusqu'aux deux ans du petit, après elle l'élève seule jusqu'à l'adolescence. Le mâle retourne à sa solitude et à la recherche d'autres conquêtes. C'est comme ça et pas autrement dans le monde de la jungle. Il peut peser jusqu'à 120 kg pour 1,50 m et vivre jusqu'à 50 ans.

Il y a 3 camps le long de la rivière avec des centres d'informations pour le public et une séance de nourriture par jour en complément de ce qu'ils trouvent par eux-mêmes dans la jungle. C'est le côté négatif du parc. Je ne suis pas un spécialiste, mais avant que l'homme ne s'en occupe (je me demande bien pourquoi) les singes se nourrissaient bien tout seuls. Les bateaux des excursions font donc des haltes aux heures des repas, un repas par jour et par camp à des heures différentes pour nous permettre de les voir tous. Les rangers leur donnent des bananes et des oranges en alternance sur une plateforme face au public. Les orangs-outans sont en liberté, il n'y a pas de doute, mais ils ne sont qu'à moitié sauvages, l'homme leur ayant créé une dépendance à la nourriture. A décharge, peut-être que s'il n'y avait pas ces séances de repas, ne les verrions-nous pas.

De ce que j'ai vu, ça ne concerne que quelques individus vivant à proximité des camps. Le parc national compte environ 6000 individus, presque tous non concernés par la distribution alimentaire, mais ceux-là, on ne les voit pas.

Mais avant et après les repas, on peut les voir évoluer dans la jungle, passer d'un arbre à l'autre, voltiger de branches en branches avec une agilité impressionnante.

Même en chemin, on peut faire de belles rencontres. On voit bien que ceux-là ne sont pas sauvages.

Je suis revenu passer une journée à Banjarmasin pour boucler la boucle de mon voyage à Bornéo. Je vais prendre l'avion ici pour quitter l'Indonésie. Je me suis promené une dernière fois au bord de la Martapura. J'ai rencontré des femmes élégantes nettoyant des poissons tout en papotant au bord de la rivière. Le temps passe comme ça.

Elles sont gentilles et souriantes mais on n'a pas vraiment échangé à cause de la barrière de la langue. Des mots sans se comprendre, des gestes et des sourires pour se comprendre.

Comme en Birmanie et à Madagascar, quelques femmes s'enduisent le visage avec une pâte blanche issue d'écorces et de racines de certains arbres. Elle est utilisée comme cosmétique, elle hydrate la peau et la protège du soleil. En Birmanie ça s'appelle le tharnaka, ici je ne sais pas.


Sa peau est mate, le blanc est négligé, le rouge à lèvres assorti au voile, les dents blanches, le regard noir et profond. Elle est d'une beauté saisissante !



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