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Les Philippines : entre splendeur et horreur !

J'ai quitté Luzon, la grande île du nord où se trouve Manille. Direction les îles du sud. Ça va être l'occasion de faire beaucoup de navigation d'une île à l'autre. Aux Philippines, ce n'est pas sans danger.

Puerto Galera.

En arrivant en bateau en vue de Puerto Galera, j'ai su que j'allais aimer cet endroit. Nous sommes sur l'île de Mindoro.

Le port est superbe, mais la ville à 500m de là est quelconque. Je suis donc resté dans le seul hôtel du port. La vue de mon balcon est à couper le souffle.

Sur le port il y a un excellent restaurant, le Bistro, ouvert pas un français décédé depuis 4 ans, sa femme philippine continue de s'en occuper. C'est délicieux. J'y ai mangé des moules farcies (offertes par la patronne) et une paëlla le jour de mon anniversaire.

Il a fait beau pendant les 3 jours passés à Puerto Galera.

C'est un endroit réputé pour la plongée et le snorkeling. J'ai loué les services d'un pêcheur du port pour aller faire du snorkeling (masque et tuba). J'ai embarqué sur son beau bateau bleu et blanc à balancier double. C'était absolument magnifique ! Des coraux bien préservés et des poissons multicolores en grand nombre. J'en ai fait du snorkeling dans beaucoup de mers, mais c'est peut-être le plus bel endroit que j'ai vu depuis la Mer Rouge en Egypte.

Après cette baignade merveilleuse, le pêcheur m'a fait découvrir la baie de Puerto Galera.

Eau claire, ciel bleu, bateaux, îlots, palmiers, sont les ingrédients pour faire de la baie de Puerto Galera un lieu très agréable. J'ai l'impression d'avoir déjà vu des paysages semblables, au Brésil.

C'est dans ce décor de rêve que les élèves d'une petite école au bord de l'eau apprennent à devenir grands.

La plage de White Beach. Elle est assez jolie comme ça vue de loin, mais j'ai pas aimé l'ambiance. La plage est bordée de bars, restaurants, tatoueurs, masseuses et tout le tra la la. Je n'y ai passé qu'un après-midi. Il paraît que le soir, c'est la fête avec boissons à gogo et décibels. Bref, c'est un endroit surexploité, raté, comme bien d'autres en Asie du sud est.

Boracay.

Boracay est l'une des plus petites îles habitées des Philippines. Elle fait 7km de long du nord au sud et 500m de large.

C'est pourtant l'île la plus touristique du pays. Elle est envahie par des milliers de touristes à 90% asiatiques. Beaucoup de philippins, encore plus de chinois et de coréens venus passer quelques jours au soleil.

Sur sa côte ouest, White Beach, La plage. 4km de long, une plage de sable blanc fin bordée de palmiers sur toute sa longueur.


C'était sans doute une plage de rêve il y a 30 ans. Aujourd'hui, il y a foule, une foule aux yeux en forme d'amande. Peu de grands groupes ici, mais principalement des familles, des petits groupes de jeunes, des couples de jeunes amoureux, des voyageurs au long cours. C'est assez amusant de voir tous ces asiatiques bigarrés, aux tenues vestimentaires (les filles) bien différentes des nôtres et ce sont de gros consommateurs, assez fêtards aussi. A la tombée de la nuit, les restaurants de plage, au bord de l'eau, sont pris d'assaut et des musiciens de bonne qualité animent les soirées dans une ambiance décontractée.

On y mange bien, du poisson bien sûr, mais aussi des langoustes, des huîtres, des clams farcis, du crabe. Et tout le reste, fast food, chinois, coréen, japonais, mexicain, des crêpes, des glaces, etc...Je n'ai pas vu de restaurants français et peu de touristes français.

J'ai l'impression d'avoir déjà vu ça, au Brésil. C'est indéniable, question ambiance, les Philippins ont la même passion de la musique que les brésiliens, mais ici pas de bossa nova, mais de la bonne musique anglo saxonne, des chansons tranquilles, pas de décibels. Si ce ne sont pas des musiciens, ce sont des jongleurs du feu aux spectacles impressionnants sur fond de musique techno. Passées 23h, les plus jeunes vont se déhancher sur les pistes de danses. Des filles et des ladies boys sont à la recherche de leurs clients noctambules.​


Il y a beaucoup de bateaux, les bangkas, ces bateaux à balancier double, et les paraws, ces voiliers aux voiles sponsorisées, qui peuvent pourquoi pas servir à délivrer un message plein d'espoir.


Veux-tu m'épouser Béatrice ?


On peut faire le tour de l'île, une simple balade jusqu'à une plage isolée, du parachute ascensionnel, ou simplement se dorer au soleil. Même allongé sur le sable, la vue est belle !

Et puis vient la fin de l'après-midi. l'instant magique, qui attire la foule. Quand je dis la foule, c'est vraiment la foule. Mais là quand-même, c'est sûrement plus de 20 000 mille personnes sur la plage ! Elle est noire de monde...J'espère que le spectacle en vaut la peine.

J'avoue que quelques minutes plus tard, j'ai compris. J'ai été médusé par le spectacle incroyablement beau, organisé. Car les bateaux sont là, assurant le spectacle, et pour une bouchée de pain, on peut embarquer et tenter d'approcher le soleil qui va tomber dans la mer, pour essayer de le sauver des eaux.

Malheureusement, la foule empêche les contemplateurs de bien en profiter, mais ils sont là comme je suis là, je n'ai rien à redire. Et puis c'est gratuit, alors il n'y a pas lieu de se plaindre. Ça va vite, il ne faut pas en perdre une miette. Le ciel et la mer changent de couleur rapidement jusqu'au moment irréel où, une fois que le soleil s'est couché, le ciel s'est embrasé, tel un gigantesque incendie céleste, un enfer !

Je ne dis plus rien. Je m'incline devant autant de beauté naturelle.


Silay.


Sur l'île Negros, la petite ville de Silay a la particularité d'avoir un centre historique composé d'une cathédrale et de belles demeures coloniales. La cathédrale est récente (1920), elle a été construite par un architecte italien qui s'est inspiré de la basilique Saint-Pierre de Rome. Le dôme argenté rappelle le style bysantin (j'en perds mon latin)

La région était prospère dans la production de canne à sucre. Malgré la présence des espagnols, c'est un français, Victor Gaston, qui fit construire la première sucrerie en 1896. C'est aussi lui qui fit ériger la première grande maison coloniale. Il en reste encore une trentaine dont certaines sont aujourd'hui des musées. J'ai visité la maison de Victor Gaston qui, marié à une Philippine, lui a fait 12 petits métis...

C'est une magnifique demeure coloniale conçue comme les maisons d'Amérique, de Louisiane notamment. Un rez de chaussée en pierre rehaussé d'un étage tout en bois. La décoration intérieure est d'époque.

La région produit toujours de la canne à sucre. Les propriétés appartiennent aujourd'hui à de petits producteurs philippins.

Voici une autre demeure coloniale révélatrice des richesses d'autrefois.

J'ai bien aimé la vie locale dans les petites rues de la ville. C'est coloré et jovial. Les habitants ne sont pas assez riches pour s'acheter une voiture, alors ils utilisent les tricycles vélos ou les tricycles motos pour aller faire leurs courses ou leurs démarches administratives, pour aller à l'école ou pour rendre visite à des amis. Un trajet coûte moins de 10 centimes d'euros.

La pose de midi est sacrée. Les travailleurs en profitent pour reprendre des forces.

C'est à Silay que j'ai connu la journée la plus chaude depuis le début de mon voyage, Une chaleur accablante proche des 40°C. Les femmes accompagnent leurs enfants à l'école en marchant à l'ombre de leurs parapluies. Il y a du monde dans la rue. Outre les mamans, on voit les tricycles aussi bien vélos que motos.



Sablayan.


Sablayan restera un moment fort de mon voyage. Pourtant la ville est moche, les hébergements sordides et la bouffe dégueulasse. Mais alors pourquoi cet engouement ?

C'est une ville côtière dotée d'une grosse flotte de pêche artisanale avec une multitude de bateaux à balancier. Ils pêchent la nuit.

Deux îlots proches sont situés à 20mn en bateau. Je me suis rendu à Pandan Grande, le plus grand comme son nom l'indique. Il y a un resort avec des bungalows sommaires et son restaurant au bord de la plage de sable blanc mais je n'y ai pas dormi, c'était complet. Le propriétaire est français, encore un expat imbibé tournant toute la journée au Pastis importé. Pathétique...

Ici aussi on fait du snorkeling. Pourtant, il n'y a pas de beaux coraux, peu de poisson, mais il y a des grosses tortues marines. Elles sont juste au bord de la plage, dans 2m d'eau. J'en ai vu une demi douzaine. J'ai pu nager avec elles, les suivre dans l'eau, les voir remonter à la surface prendre une bouffée d'air et replonger gracieusement. Je n'ai malheureusement pas de photos, étant seul à plonger et n'ayant pas le matériel nécessaire (appareil photo étanche ou GoPro). Il va falloir que je pense à m'équiper enfin.

Nager avec des tortues me rend heureux.


J'étais à Sablayan un week-end, c'était la fête dans le village. Et quelle fête ! Inoubliable. Âmes sensibles s'abstenir...


Les Dieux du stade.


Le tournoi commence le samedi à 10h00 du matin et ça s'achève le dimanche vers 4h00 du matin, soit 18 heures de combats, plus de 250 inscrits, 125 duels, 125 morts ! Le vainqueur va empocher la coquette somme de 7000€.

Le public est présent dans la salle omnisports, le ring est installé, plus de 1000 spectateurs dans une ambiance folle, surtout le soir. J'étais le seul étranger dans la salle.

Les armes sont fourbies. Les participants sont équipés de ces lames redoutables, piquantes et tranchantes, destinées à tuer.

Les combattants sont présentés par leurs propriétaires à la foule présente. Les paris sont lancés. Des sommes sont annoncées avec les mains, dans un vacarme assourdissant et une gesticulation à laquelle je ne comprends rien. Ils se comprennent entre eux, c'est ce qui compte, je ne joue pas.

Les combattants sont beaux mais féroces, entraînés pour tuer. Un coq de combat coûte entre 300 et 1000 euros. A ce prix là, il faut gagner.

Les combats peuvent commencer. Il n'y a pas de round d'observation, c'est tout de suite la bagarre. Ils se volent dans les plumes, se courent après, font des bonds de 1m de haut. Ils ne poussent pas de cris, ils ont seulement la haine, ce sont des guerriers, des gladiateurs.

S'ensuivent des corps à corps dans lesquels on ne reconnait plus son favori. Un combat peut ne pas dépasser 15 secondes. Mais si le coup fatal n'a pas été donné, s'ils sont toujours vivants, le combat continue jusqu'à 5 minutes, c'est la limite. Ils sont fatigués, épuisés, comme des boxeurs arrivés au 12ème round. N'oublions pas les lames tranchantes attachées à leurs pattes. Des armes cruelles qui font des dégâts. C'est alors que soudain, une artère sectionnée, l'un des deux ne bouge plus, raide mort. Le vainqueur est déclaré, pas de pitié pour le vaincu.

Les combats s'enchaînent sans temps morts mais les morts s'enchaînent. C'est une hécatombe. C'est spectaculaire et cruel à la fois. La corrida philippine continue de faire des victimes.

Le soir, l'odeur de sang a commencé à imprégner la salle. Pendant ce temps là, le public est en ébullition, la salle est en surchauffe. Ça donne la chair de poule...

Les vainqueurs ne sortent pas indemnes. Ils ont gagné, mais à quel prix ! Tous les vainqueurs sont blessés, éventrés. Il faut les soigner sur place sinon ils vont perdre leur sang et mourir. Un coq coûte cher, alors il faut le soigner de suite. Il ira ensuite en convalescence, sera bichonné et pourra combattre à nouveau plus tard jusqu'à sa mort violente certaine.

A la sortie du ring, ils sont confiés au bloc opératoire, au charcutage. L'odeur et la vue du sang sont insupportables, j'ai failli gerber. Personne ne se soucie de la souffrance des bêtes plaintives sur les genoux des chirurgiens d'un autre temps. Ils sont partiellement plumés pour avoir accès aux blessures. Les mains baignent dans le sang. Les plaies sont béantes, nettoyées avec un chiffon sale et recousues avec du gros fil.

C'est une horreur. Un vrai carnage ! Au XXIème siècle quelque part aux Philippines...

C'est le deuxième chapitre sur les Philippines, et comme le premier, il se termine dans le sang. Preuve s'il en est que c'est un pays pas comme les autres, un pays "spécial".

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