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Le Népal : le grand trek de l'Everest.

Le trek de l'Everest commence pour 90% des marcheurs à Lukla, village de montagne accessible en avion à partir de Katmandou.

Seuls 10% commencent de Jiri ou de Shivalaya, soit une semaine de plus. C'est le choix que j'ai fait pour 2 raisons principales. Tout d'abord pour bien m'acclimater avant d'attaquer la hauteur de 5000m car cette partie vallonnée s'étage entre 1800m et 3500m d'altitude, et ensuite pour profiter de la traversée des villages tout le long du parcours où une vie locale très présente permet de voir le quotidien des népalais qui vous souriront toujours sur votre passage.


De Shivalaya (1790m) à Namche Bazar (3440m)


J'ai trouvé un compagnon à Katmandou qui m'a demandé s'il pouvait m'accompagner. J'ai hésité avant de dire oui, et Sonam, mon porterguide a dit oui aussi. Pour lui c'est compréhensible, ça lui a fait un revenu supplémentaire. Nous voilà donc partis à 3. Sonam le népalais, Gaylord le mayennais et moi. Gaylord fait-là son premier trek. Mais vu sa jeunesse et son gabarit, il a bien marché, et plus gentil garçon y a pas.


Cette première partie a duré 8 jours, 8 jours difficiles et très éprouvants. Sans cesse tous les jours il a fallu descendre dans des vallées profondes, traverser des ponts suspendus et remonter de l'autre côté. Et les pentes sont raides.


5000m de dénivelés positifs et 4000m de dénivelés négatifs les 5 premiers jours. Bigre! Les cuisses, les mollets, les tendons d’Achille, tous ont été sollicités, mais il faut bien continuer. L'Everest est encore loin...

Avant d'y arriver, les népalais méritent bien un petit hommage en photos, tellement ils sont gentils. Leur vie n'est pas facile, à l'opposé de la nôtre. C'est leur réalité de tous les jours. Il me tient de montrer la dureté de la vie ici et de faire réfléchir sur la nôtre...

Les jeunes garçons ne vont pas jouer au football. Il faut travailler, rapporter de l'argent à la maison. Pour cela il faut parfois ravitailler les villages voisins. C'est lourd, dans les 50 kg, et les chaussures ne sont pas adéquates. Il n'y a ni routes ni véhicules, je n'ai même pas vu un vélo en 3 semaines.

Les jeunes filles ne vont pas se promener en ville, se parfumer gratuitement chez Yves Rocher. Pour que le linge soit propre, il faut frotter. Pire, il y a des cailloux à casser...

C'est pour ça que ça ne rigole pas tous les jours...

Et si on leur donnait un peu du trop que l'on a.

En France, quand on veut plus que ce que l'on a déjà, on se croit dans le besoin. Les népalais n'ont pas grand chose, rien pour certains. Chez nous, on croit que le bonheur est dans la possession, alors que ça cache souvent des frustrations. Les népalais ne sont pas frustrés, frustrés de quoi ?


Sachez que le Népal est un énorme potager avec les cultures en terrasses. Riz, millet, pommes de terre, choux, choux-fleurs, carottes, pommes, citrons, etc. Les népalais vivent ainsi en autosuffisance nutritionnelle, c'est déjà ça. Et de l'eau, il y en a partout...

Au fil de ces jours où on laisse des gouttes de sueur sur les chemins, parce qu'il fait chaud et que c'est difficile, les scènes de la vie de tous les jours continuent de défiler. Comme ici dans le beau village de Kenja.

Plus loin, j'ai fait étape dans le joli village de Junbesi (2670m) où des femmes se familiarisent avec les choses du progrès. Le village possède un beau monastère, malheureusement fermé le jour où je suis passé.


Au monastère de Taksindu, les jeunes moines consacrent leur temps à la lecture et à la prière. Il en ira ainsi jusqu'à la fin de leur vie. Pendant ce temps-là, ils ne sont pas à la charge des parents et ils sont bien éduqués, chargés de répandre le bien, la tolérance, la compassion. La méditation est un principe de base, elle permet de contrôler et d'améliorer le corps et l'esprit. Et encore bien d'autres principes que j'ignore...

Dans un autre monastère, près de KhariKhola, un lama enseigne à des jeunes moines concentrés.

Les hommes ne sont pas seuls à porter, les caravanes de mules sont nombreuses. N'allez pas croire qu'elles ne souffrent pas. A partir de 3500m, on verra les yaks les remplacer.

Je ne fais pas que marcher. Il faut bien faire étape dans les villages, comme ici à Monjo (2835m) au Mountain View Lodge.

Le patron, que l'on voit ci-dessus est un maître de l'alpinisme. Il a fait 5 fois l'Everest comme guide, et bien d'autres 8000m encore. Ces guides de haut niveau gagnent bien leur vie. Au bout de trente ans d'exercice, il a pu construire ce lodge où sa femme s'affaire dans la cuisine tout en papotant avec les voisines.


Me voilà enfin arrivé à Namche Bazar (3440m) après 8 jours de marche difficiles. Mais, au moins, le corps est-il prêt à affronter les 5000m qui m'attendent.

C'est le carrefour commercial de la région. C'est aussi le carrefour des trekkeurs qui se retrouvent tous ici pour une journée d'acclimatation.

La journée d'acclimatation n'est pas une journée de repos. Elle consiste à monter environ 400m à 500m pour habituer l'organisme à l'altitude et de redescendre à Namche dormir. C'est ce que j'ai fait en montant à Kunde (3840m) et Kumjung (3780m) soit quand-même 4 heures de marche. C'est un processus indispensable pour éviter le MAM (Mal Aigu des Montagnes), processus à reproduire tous les 1000m. Beaucoup de ceux qui négligent cette phase, sont sujets plus tard à des gros maux de tête, des vomissements, des vertiges et s'exposent à l'oedème cérébral ou à l'oedème pulmonaire qui entraînent la mort. Des cas dans lesquels la descente doit être immédiate, à pied ou en hélicoptère s'il y a urgence.

C'est lors de cette journée que l'on commence à voir les hauts sommets comme le mythique Ama Dablam (6812m) qui paraît inaccessible, pourtant il y en a qui le grimpe tous les ans.

De Namche Bazar (3440m) au Kala Patthar (5550m)

Les choses sérieuses commencent, sans appréhension. Pour l'instant je suis en forme, mais je sais qu'avec l'altitude, les choses vont changer. A partir de maintenant on fait moins de dénivelé pour respecter les phases d'acclimatation. Mais cette nouvelle étape nous fait quand-même descendre au fond d'une vallée jusqu'à Phungi Thanga (3250m), traverser un pont suspendu et remonter 600m de dénivelé jusqu'à Tengboche (3860m). Ou la la qu'elle a été dure cette montée ! Bien content d'être arrivé à Tengboche où le numéro 2 du Dalaï Lama était là pour assister à 4 jours de cérémonies bouddhistes auxquelles ont peut assister. C'était un moment incroyable à vivre, de la même teneur que des cérémonies que j'ai déjà vues dans le Mustang. Mais vous n'en verrez rien, les photos étaient interdites dans le monastère. On aperçoit le Cholatse (6365m) et le Taboche (6367m) et encore l'Ama Dablam.

Il y a encore un peu de végétation, mais plus pour bien longtemps.

L'étape suivante me mène à Dingboche (4410m). Là je commence à sérieusement monter en altitude avec tous les désagréments qui vont avec : premiers maux de tête, mais rien d'alarmant. Le pire c'est le froid, mais ça va il est supportable.

Dans ce village comme dans beaucoup d'autres au Népal, un système très efficace permet de chauffer l'eau au soleil. Ces déflecteurs en aluminium sont orientés face au soleil et la réverbération du soleil vient frapper la bouilloire dans laquelle l'eau chauffe. Au bout d'un certain temps, l'eau bout.

Comme on est 1000m plus haut que Namche Bazar, une deuxième journée d'acclimatation s'impose. Une petite promenade jusqu'à 4900m au-dessus du village va occuper la matinée avec des paysages époustouflants, et la première vue sur le Makalu (8481m)

Ci-dessous, à gauche, Le Makalu culmine à 8481m.

De Dingboche, l'étape qui suit me mène encore plus haut, à Lobuche (4910m). Pas de difficultés majeures, mais la fatigue commence à se faire sentir, c'est le 13è jour de marche et on arrive haut, plus haut que le Mont-Blanc.

Il n'y a plus de végétation, les yaks ont remplacés les mules.

Le soir le soleil couchant rougeoie les montagnes environnantes.

De Lobuche, direction Gorak Shep (5140m). ça y est, les 5000m sont dépassés, je suis à la veille du grand jour J. Ce n'est pas la première fois que je dors au-dessus de 5000m, j'ai déjà connu cette expérience en Bolivie

La partie finale avant d'arriver à Gorak Shep est interminable et harassante. Je suis arrivé au village épuisé. Beaucoup de marcheurs poursuivent jusqu'au camp de base de l'Everest, ce que je n'ai pas fait. Arrivé là-bas, il n'y a pas grand-chose à voir, on ne voit même pas l'Everest. Les gens font la queue pour poser en photo devant un petit panneau "Everest Base Camp".

Voilà le village de Gorak Shep avec le Pumo Ri (7161m) en arrière-plan. Il n'y a que des lodges réservés au marcheurs, mais pas de vie locale à cette altitude. On aperçoit sur la droite, un chemin qui monte sur la "colline" de couleur marron, le sommet étant fait de pierres noires. C'est le fameux Kala Patthar (5550m). C'est de là que l'on voit le mieux l'Everest, c'est pour ça que je suis venu faire ce trek. Je sais, ce n'est pas très impressionnant comme ça à voir, mais c'est quand-même à 5550m d'altitude. C'est pas donné à tout le monde de monter si haut...et d'être à la hauteur.

L'Everest (8848m)

Le lendemain c'est le jour J. Le jour où je vais enfin voir l'Everest. Debout à 6h, une soupe à l'ail vite avalée et départ à 6h30 pour faire les 400m de dénivelé.

Il fait froid, mais c'est supportable, seules les mains sont un peu gelées malgré les gants. A cette altitude, tout le monde marche en mode vieillard, c'est à dire très lentement du fait de la raréfaction de l'oxygène dans l'air. C'est parti donc lentement, la pente est raide mais ça va. On dit qu'à mi-hauteur, on voit déjà bien l'Everest. Du coup, les plus fatigués s'arrêtent là, font des photos et descendent...

Arrivé à 5400m, je ressens un gros coup de fatigue et le souffle est court. Je fais une pause de 10mn, plus que 150m à monter, je sais que je vais y arriver donc pas d'affolement. Je reprends mon courage et mes bâtons, je regarde en haut où je vois les premiers arrivés éclairés par le soleil, et je continue, encouragé par Sonam. Çà y est, cette fois le soleil est bien levé, il commence à me réchauffer. Autour de moi, les sommets s'éclairent les uns après les autres, le spectacle est grandiose ! Je continue encore, des larmes dans les yeux parce que c'est dur, parce que j'y arrive. Encore 50m puis 20m, je respire un bon coup et j'arrive au sommet du Kala Patthar exténué après 1h45mn d'efforts. Putain, je l'ai fait ! Ma joie est immense, je suis submergé pat l'émotion. Je souhaite à tout le monde de connaître de tels moments de bonheur. Le spectacle est incroyablement beau, unique, le temps est splendide. Il fait si beau qu'on voit Dieu dans le ciel.

Et là, devant moi, se dévoile un panorama unique, le plus beau du Monde. Devant moi se dresse celui dont j'ai tant rêvé, le Maître du Monde, l'Everest (8848m)

Voici le détails des sommets.

J'ai été jusqu'à la limite de mes moyens physiques, ce qui est une grande satisfaction, ça fait du bien de se surpasser et de souffrir un peu.

Je n'ai pas de commentaires superflus à faire si ce n'est que là-haut, on tombe dans les bras les uns les autres, on se congratule, on se photographie, on sèche nos larmes. Dans tous les yeux l'émotion est la même parce qu'on y est arrivé.

L'Everest, c'est la masse noire à gauche sur la photo ci-dessous. Au premier plan, à droite, le Nuptse ne fait que 7861m, soit 1000m de moins que l'Everest. La perspective est trompeuse.

4 jours de marche ont été nécessaires pour descendre jusqu'à Lukla et prendre l'avion pour Katmandou. Quatre jours difficiles parce que j'ai attrapé un gros rhume et une angine carabinée avec de la fièvre. Mais ça l'a fait.


Les statistiques.

20 jours de marche.

12000m de dénivelés positifs.

10860m de dénivelés négatifs.

J'ai perdu 6 kg.


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