L'Ethiopie : les sources du Nil et le riche patrimoine éthiopien.

Le lac Tana.

Bahir Dar est la ville touristique au bord du lac Tana. La région est riche de plusieurs dizaines de monastères. Il n'y a pas d'intérêt à tout visiter, il y a des excursions en bateau qui permettent d'en visiter une demi-douzaine. Ils sont situés au bord du lac ou sur de petites îles sur le lac.

On ne dirait pas comme ça, mais c'est un monastère orthodoxe, de forme circulaire. Ura Kidane Merhet, l'un des plus beaux, celui où les fidèles viennent en masse pour prier, embrasser les croix, et se prosterner devant l'entrée ou devant les magnifiques fresques du XVIIIème siècle.

Il n'y a pas grand monde qui connait le lac Tana, à part les spécialistes parce que c'est la source du Nil Bleu. Le Nil Bleu rencontre le Nil Blanc à Khartoum (Soudan). Ces deux fleuves forment le Nil proprement dit qui ira se jeter dans la mer Méditerranée 6700km plus loin. La "vraie" source du Nil est considérée être celle du Nil Blanc dans le lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie).

Le coucher de soleil sur le Nil Bleu.

Aksoum.

Aksoum est un centre religieux notamment grâce à ses stèles des IIIème et IVème siècles qui marqueraient l'emplacement des tombeaux des souverains aksoumites. J'aime bien les vieilles pierres et dieu sait si j'en ai vu des sites archéologiques, mais franchement Aksoum n'en vaut pas la peine. Mais je suis en Éthiopie ce beau pays, et je suis persuadé que Aksoum me réserve de belles choses.

L'artère principale de la ville est plantée de palmiers sur le terre-plein central et bordée d'hôtels, de restaurants, de boutiques en tous genres. Deux restaurants proposent une belle carte, on y mange bien et il y a tous les soirs des spectacles de danses traditionnelles. Il y a du monde, des locaux et des faranjis (le nom donné aux touristes). L'ambiance est au rendez-vous et les danseurs et danseuses font participer le public. C'est assez rigolo quand on ne sait pas danser...

En marchant un peu, en s'éloignant du centre, on arrive dans une Éthiopie authentique faite de simplicité et de complicité avec le voyageur solitaire que je suis. Les discussions vont bon train, finalement ils sont assez nombreux à baragouiner l'anglais et ils adorent échanger.

L’Éthiopie n'ayant pas été colonisé, le pays n'a subi aucune influence extérieure. En Éthiopie, tout est éthiopien. Les maisons sont anciennes, avec beaucoup de couleurs, ou ce qu'il en reste. Le charme est suranné.

Ils sont toujours vêtus de blanc pour aller à l'église mais aussi dans la vie de tous les jours. Certains hommes et certaines femmes sont habillées en jaune, ce qui apporte une touche de fantaisie dans le blanc ambiant. La couleur jaune est réservée aux fidèles les plus âgés.

C'est très agréable de marcher dans la rue quand les personnes qui vous croisent vous sourient, vous disent bonjour, vous donnent une leçon de savoir vivre et d'humanité.

Ils sont photogéniques et ils doivent le savoir car ils se prêtent facilement au jeu.

Les brodeuses.

Les éthiopiens sont vraiment adorables, de bonne humeur, avec de beaux sourires sans avoir recours à l'orthodontie (c'est sûrement dans les gênes des africains). Je me plais beaucoup, je vais donc rester en Éthiopie encore un bon moment je crois (j'ai pris un visa de 3 mois)

Gondar.

L'Ethiopie est un très beau pays de montagnes, et comme ailleurs, la montagne offre des paysages grandioses. La région entre Aksoum et Gondar est sans doute l'une des plus belles du pays. On traverse les montagnes du Simien, prisée des randonneurs. J'ai décidé de faire l'impasse sur le plus beau trek du pays. Je me réserve pour un autre, plus authentique, dans le sud.

Du point de vue du patrimoine, Gondar c'est une autre dimension. Me voilà réconcilié avec les vieilles pierres...La cité royale est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Ces châteaux ont été bâtis par une dynastie de négus (titre de noblesse éthiopien équivalent aux rois) aux XVIème et XVIIème siècles. En ce temps-là, Gondar était la capitale du pays et les négus vivaient dans le luxe, les murs étaient recouverts d'or et d'ivoire, le mobilier venait de Venise ! C'est un bel ensemble de châteaux, d'églises et de thermes bien restaurés. Il y a des photographes professionnels, les éthiopiens viennent y faire des photos de famille ou d'amoureux.

Je vous montre une Éthiopie traditionnelle parce qu'elle l'est réellement, encore majoritaire et si belle. C'est un parti pris ne voyant pas l'intérêt de vous montrer des devantures de magasins de vêtements, de téléphonie ou des façades d'hôtels. Mais pour tout vous dire, il y a une jeunesse tournée vers le futur, leur futur, parce que ce sont eux qui feront (ou qui subiront) l’Éthiopie de demain.

Revenons au traditionnel, allons au marché. Les marchés, quelquefois je n'y vais plus, j'en ai tellement vus. Mais il ne faut pas manquer celui de Gondar. C'est un marché très vivant, coloré, bordélique, on se marche dessus. Chez nous, il y a des parkings pour les voitures, en Hollande des parkings pour les vélos, en Asie des parkings pour les scooters.

En Éthiopie, il y a des parkings pour les ânes ! Les villageois des villages alentours viennent avec leurs bourricots vendre leurs produits de la terre. Le parking est payant !

Les étals posés à même le sol sont bien garnis, il y a un peu de tout en légumes (des tonnes d'oignons), moins en fruits. En tous cas, il ne manque pas de poulets, les vendeurs sont nombreux et la vente à l'unité est quelque chose de sérieux, il ne faudrait pas tomber sur un poulet "magadur".

Il fait beau et chaud dans la journée, les femmes sortent avec leurs ombrelles. Les villageois se différencient des citadins par leurs tenues vestimentaires. Les agriculteurs et les éleveurs ont tous une canne ou un bâton, ils ont aussi une grande écharpe posée sur les épaules ou enroulée autour de la tête comme un turban.

Quand la beauté saute aux yeux, il faut la montrer. Les éthiopiens ont quelque chose que je n'ai encore jamais vu ailleurs, un charme indiscutable, une grâce naturelle...Je vous laisse apprécier.

On ne peut pas témoigner de la beauté si on ne montre pas des hommes...

Un petit retour sur le patrimoine de Gondar dont la richesse ne se limite pas à l'enceinte royale. L'église Debré Berhan Sélassié est considérée comme l'une des plus belles du pays avec ses murs en pierres et son toit en chaume sur deux niveaux.

Je suis arrivé le dimanche matin à la fin de la messe. L'intérieur est trop restreint pour contenir tout le monde, la messe est donnée dans le parc. Les murs intérieurs sont enduits de pisé recouvert d'une toile où les artistes de l'époque ont peint des fresques au XVème siècle. Le sol est recouvert de tapis rouges et or.

Comme toujours, ils sont vêtus de blanc et de jaune, les hommes avec leurs cannes, les prêtres avec leurs croix que les fidèles embrassent avec dévotion. L’Éthiopie est considérée comme l'un des berceaux du christianisme et les éthiopiens comme l'un des peuples chrétiens les plus fervents. C'est une vérité qui saute aux yeux partout et tous les jours. C'est fascinant !

C'est le dernier chapitre sur le nord du pays. Allons voir le sud...