L'Ethiopie : le fantastique désert du Danakil !

Au pays des Afar.

La région du Danakil est située à quelques kilomètres de l'Erythrée. C'est le pays des Afar, un peuple nomade plus ou moins contraint de se sédentariser. Ce peuple du désert vit dans des conditions plus que précaires, vivant dans des huttes bâchées en forme de cocon. Ce sont leurs maisons de nomades, démontables et transportables, qui ne bougent plus guère.

Les afar sont plus de 6 millions répartis entre l’Éthiopie (4,5 millions), l'Erythrée et Djibouti. Ce sont des éleveurs, ils possèdent quelques vaches, chèvres, ânes et dromadaires, c'est leur seule ressource économique. Peuple nomade à l'origine, semi-nomades aujourd'hui, ils sont dépendants de l'existence de points d'eau et de pâturages, En Éthiopie, ils sont en conflit avec l’État qui tente d'établir un contrôle plus important de leur territoire, quand les afar visent à conserver l'intégrité de leurs terres ancestrales. Les afar sont musulmans, l'antagonisme religieux n'apaise pas les tensions. De fait, les afar se replient sur leurs traditions à l'inverse de la modernisation souhaitée par l'état.

Avant d'aller dans le désert, on passe dans quelques petites villes qui le précèdent, comme ici à Abaala. Quand on arrive au pays des afar, on se rend tout de suite compte qu'on est dans un "ailleurs".

Le système sociétal est très patriarcal. Ils sont musulmans, la polygamie est répandue, les femmes doivent travailler dur pour obtenir les faveurs de l'époux, la favorite ayant droit à quelques égards de plus.

Le désert du Danakil.

C'est l'une des régions les plus hostiles de la planète. La température moyenne annuelle est de 40°C, pouvant grimper jusqu'à 50°C. Il pleut un à deux jours par an, les meilleures années...Le désert est aussi le point le plus bas de la planète puisqu'il est à 130m en dessous du niveau de la mer.

Ce que je vais vous montrer, je l'ai vu en faisant une expédition en 4x4 durant 4 jours et 3 nuits. Nous étions un convoi de douze 4x4, mais c'est plus de cinquante véhicules qui débarquent tous les jours dans le désert. C'est le seul moyen d'y aller, il faut bourse délier. C'est une zone de tension proche de l’Érythrée, le pays voisin avec qui l’Éthiopie a fait la guerre entre 1998 et 2000, faisant 70 000 morts. La situation est en train d'évoluer dans le bon sens, les deux pays semblant vouloir désormais coopérer. Néanmoins, il y a eu des enlèvements de touristes ces dix dernières années, c'est la raison pour laquelle nous étions escortés par des hommes armés, on les appellent des "scouts"...

Le désert est d'abord montagneux, présentant des tons variés de terre et de sable, j'ai vu des paysages similaires en Amérique du sud.

Arrivés à 130m sous la mer...on aborde des formations karstiques avec des cheminées de fées sur fond de sable aux tons rouges.

Le lac Assal est un lac salé qui s'évapore à la saison sèche laissant apparaître une immense étendue de sel craquelée, aux motifs de nids d'abeilles. Une partie du lac est encore recouverte d'une fine pellicule d'eau, c'est l'endroit idéal pour assister au coucher de soleil enveloppé de mystère.

Encore plus surréaliste, la présence des afar sur cette étendue saline écrasée par une chaleur insupportable. C'est certainement l'une des activités humaines les plus étonnantes que j'ai jamais vues.

Mirage ou réalité ?!

Une caravane de dromadaires se dirige vers les forçats du désert.

Les afar exploitent le sel du désert, c'est leur territoire. Munis de simples haches, ils courbent l'échine sous une chaleur dépassant les 40°C, pas de chapeau, pas de gants, la réverbération du soleil leur brûle la peau.

Ce sont des images d'un autre âge. On croirait voir une scène de fiction avec des figurants incarnant la vie des esclaves à l'époque du roi Salomon et de la reine de Saba...Pourtant ils sont bien là, tous les jours à la besogne, encore à notre époque. Il y a les travailleurs, ceux qui découpent et taillent les plaques de sel, et il y a les chameliers qui chargent leurs bêtes.

Les plaques de sel une fois taillées pèsent environ 7 kg. Un dromadaire peut porter jusqu'à 150kg !

Aujourd'hui le sel est acheminé pas très loin là où attendent des camions pour le chargement. Une concession a été accordée à une compagnie britannique qui a construit un pipe-line puisant le sel plus en profondeur, il serait de meilleure qualité, d'où la fin programmée du nomadisme. Auparavant, les caravanes allaient jusqu'au Soudan...

Les chameliers du sel, si beaux à voir, si près de disparaître...

Dallol, c'est le nom d'une planète, il faut monter dans un vaisseau spatial pour s'y rendre. Vous ne me croyez pas bien sûr et pourtant c'est vrai parce qu'il n'y a pas ça sur la Terre. On décolle et on y va...

C'est une formation géologique, comme un volcan. Le sous-sol regorge de sources chaudes acides qui bouillonnent à la surface. Une explosion de couleurs correspondant chacune à des concrétions. La forte acidité et la forte salinité les font resurgir. Le rouge c'est de l'oxyde de fer.

De grandes concentrations de soufre forment des plaques et des boursoufflures ocres jaune et orange.

Des vasques d'acide sulfurique, couleur émeraude, sont retenues par des concrétions de sel formant un paysage comme les cultures en terrasses dans les campagnes.

Ces édifices géologiques ont été formés lorsque la mer Rouge a inondé à plusieurs reprises le désert du Danakil il y a plusieurs milliers d'années, d'où les dépôts salins sur une formation volcanique. C'est un étrange mélange qui ne se dégrade pas du fait d'absence de vent. On peut librement circuler au milieu de ce paysage unique au monde, d'une beauté à couper le souffle !

Le plus dur après avoir vu quelque chose d'aussi incroyable, c'est de redescendre sur Terre. Mais il le faut bien et je ne suis pas inquiet, l’Éthiopie, ce pays hors du commun, me réserve sûrement encore de belles surprises.

Le voyage dans toute sa splendeur !