L'Ethiopie : le berceau du christianisme.

L’Éthiopie est un pays de 110 millions d'habitants. Addis Abeba, la capitale, en compte 4 millions, elle est perchée à 2400m d'altitude, c'est la cinquième capitale la plus haute du monde. L’Éthiopie est le seul pays d'Afrique à n'avoir jamais été colonisé, donc ici pas de français, pas d'anglais. Le peuple éthiopien est tellement divers et varié que plus de 80 langues sont parlées à travers le pays. Les langues dominantes sont l'amharique, proche de l'arabe, et l'Oromo, c'est l'amharique qui est enseigné à l'école. Le pays a néanmoins été partiellement occupé par l'Italie fasciste de Mussolini entre 1935 et 1941, alors qu'ils occupaient déjà l’Érythrée et la Somalie. L'église orthodoxe est pratiquée par la moitié de la population, suivie par l'islam avec 30% et 20% par les protestants. La monnaie est le birr. Le pays est grand comme deux fois la France, c'est un pays de hauts plateaux, le sommet le plus haut, le Ras Dashen, culmineà 4550m. Les éthiopiens sont un peuple de montagnards.

L’Éthiopie est considérée comme le berceau de l'humanité, on y a découvert Lucy en 1974, une australopithèque datant de 3,2 millions d'années.

Je n'ai passé qu'une seule journée à Addis Abeba, la capitale. Les bâtiments sont beaux, les immeubles en construction laissent entrevoir une architecture encore plus raffinée !...

Je me moque, mais c'est la première et la dernière fois parce que vous allez voir que l’Éthiopie et les éthiopiens ne méritent surtout pas qu'on se moque d'eux. C'est un pays hors norme !

Lalibela.

Lalibela est une petite ville de montagne (2630m) au nord du pays.

Il fait très beau, environ 28°C dans la journée. Mais du fait de l'altitude, il fait froid la nuit, ça descend jusqu'à 10°C. Après les chaleurs de l'Afrique de l'ouest, le choc thermique est rude. C'est donc une Afrique différente et aussi des africains différents, mais toujours agréables et souriants.

Lalibela est la ville sainte des chrétiens orthodoxes d’Éthiopie. Ses 11 églises sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco. Pourtant, lorsqu'on se promène dans la ville, on en voit pas une seule. La raison est simple, les églises sont taillées en profondeur dans la roche volcanique, jusqu'à 15m pour la plus haute (où la plus profonde, c'est comme vous voulez). Elles datent du XIIIème siècle. La plus grande (33mx23mx11,5m), Medhane Alem, est celle qui voit affluer la plus de fidèles.

A l'intérieur, les icônes représentant des personnages et des scènes bibliques, sont gigantesques, colorées et surtout vénérées. Des centaines de pèlerins viennent se recueillir et prier avec une ferveur impressionnante. On y vient aussi pour se faire bénir ou guérir par un prêtre qui passe une croix en or de 7kg sur le corps des fidèles.

L'église la plus emblématique est Bet Giyorgis (Saint Georges) d'une profondeur de 15m. La voici vue d'en haut...

...et vue d'en bas. Colossal !

Les églises de Lalibela sont exceptionnelles et uniques au monde de part leur conception et leur mise en œuvre. Rien n’était construit en hauteur mais tout était creusé. Les ouvriers façonnaient chaque détail au fur et à mesure de la descente dans la roche. Ils creusaient et sculptaient l’extérieur et l'intérieur en même temps, et terminaient par poser le toit qui repose sur les piliers intérieurs.

Tous ces fidèles emmitouflés de blanc, comme une appartenance, la ferveur qu'ils dégagent, les voir embrasser la pierre, la solennité des lieux, le silence, tout impressionne. On se croirait revenu aux premiers temps du christianisme...

Asheten.

Je suis monté plus haut que Lalibela, à Asheten, un petit village de 500 âmes à 3000m d'altitude. J'ai campé chez l'habitant. Ce n'est pas un camping comme on l'imagine, en fait il n'y a rien. Le fils de la famille, Abraham, que j'ai rencontré à Lalibela est monté avec moi, c'est lui qui gère le camping mais il habite à Lalibela. Quand il trouve un client, il monte une toile de tente devant la maison où vivent sa mère et sa sœur, c'est tout.

Quel panorama ! C'est là que j'ai passé Noël.

C'est un village étonnant, sans électricité, sans eau courante, sans toilettes, complètement hors du temps. La récolte du blé a eu lieu il n'y a pas longtemps. La séparation du grain de l'épi se fait à l'ancienne, par le piétinement des ânes, des mules ou des vaches où à l'aide d'un simple bâton.

Il y a une école primaire rassemblant 250 enfants. Je suis arrivé à l'heure d'un cours de mathématique dispensé en plein air. J'ai compris pourquoi...

Je suis allé voir leur salle de classe. Comme une étable, des murs "blanchis" à la chaux et de la paille au sol. Quelle désolation !

Les conditions de vie sont rudimentaires. La famille d'Abraham qui m'accueillait est composée de la mère, veuve, et de la fille de 15ans. Elles dorment dans le même lit de 1m de large. Dans une autre famille que j'ai rencontrée, un couple et leur fille de 25 ans, les trois dorment dans le même lit. L'eau est rare, une fontaine laisse couler un filet d'eau, il faut un quart d'heure pour remplir un jerrican. la fontaine est à plus de 1km de la maison.... Dans ces conditions- là, ils économisent l'eau, je n'ai vu personne se laver. En ce qui me concerne, en deux jours, on ne m'a pas proposer d'eau pour me laver.

La cuisine est dans une case à part, une petite tour de Pise en terre avec un toit en paille. A l'intérieur, la cuisine se fait au feu de bois, pas de meubles, pas de table, pas de chaises, on s'assoit sur un petit rebord, presque pas de vaisselle, on mange avec les mains dans le plat commun. Dans le noir, le froid et la fumée. Ce n'est pas parce que leurs conditions de vie sont difficiles et si éloignées des nôtres qu'ils sont malheureux. Lors des repas, ils discutent et rigolent beaucoup, ils sont de nature plutôt gaie.

C'est dans cette petite cuisine rustique que j'ai passé le réveillon de Noël avec du riz aux épinards et une infusion de thym. J'étais au lit dans la tente, dans le noir,à 20h...

C'est tout simplement beau !

Le voyage dans toute sa magnificence !