Le Burkina Faso : coup de cœur pour les burkinabés.
- jpln56
- 13 déc. 2018
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 oct. 2022
La Haute-Volta a obtenu son indépendance de la France en 1960, le pays a changé de nom en 1984 pour devenir le Burkina Faso, ce qui veut dire le pays des hommes intègres. C'est un pays d'une vingtaine de millions d'habitants, la capitale est Ouagadougou, une ville invivable de 2,5 millions d'habitants. La langue officielle est le français, et il y a plus de 60 dialectes dont le dioula, le moré, le peul, le senoufo, le bobo, etc...Les musulmans représentent environ 60% de la population, les catholiques 20% et les animistes 15%. On paye en francs CFA. Le pays n'a pas d'accès à la mer qui lui est barrée au sud par la Côte d'Ivoire. Les burkinabés sont des agriculteurs et des éleveurs à 80%.
C'est le 4ème pays le plus pauvre au monde d'après le classement IDH 2018. Les chiffres sont éloquents ; l'espérance de vie des hommes est de 54 ans et celui des femmes de 58 ans, et en moyenne, les femmes mettent au monde 6 enfants. 50% des burkinabés sont analphabètes, en majorité des femmes et 5% des enfants meurent avant l'âge de 1 an.
Il n'y a rien de plus facile que de parler avec les burkinabés tellement ils sont abordables et sympathiques. J'ai parlé avec beaucoup de jeunes gens, garçons et filles, et j'ai appris qu'ils souffrent beaucoup de détresse affective. Le sujet n'est pas tabou, les jeunes en parlent et en pleurent. Les mœurs sont tellement libres que les hommes peuvent avoir plusieurs partenaires en même temps et les femmes aussi. C'est le sport national, ils baisent comme nous on se brosse les dents...La polygamie est répandue. On pourrait se contenter de dire que c'est comme ça l'Afrique, mais le résultat est catastrophique, mine de rien ça fait souffrir ceux qui sont en recherche d'affection, la confiance est perdue et ça engendre une instabilité générale des mœurs. Beaucoup de jeunes se retrouvent finalement seuls, livrés à des aventures sans lendemain parce que ça c'est très facile, mais surtout privés d'affection.
Le lac Tengréla.
Le village de Tengréla est situé près du lac éponyme, mais pas tout à fait au bord. Il n'y a pas d'électricité à moins de disposer d'un panneau solaire, il n'y a pas non plus d'eau courante. Les femmes et les enfants viennent à vélo, avec leurs jerricans, se ravitailler en eau potable au forage équipé d'une pompe actionnée avec le pied.



Awa devant le baobab sacré.
J'ai séjourné au bord du lac dans un petit campement très sympathique composé de cases circulaires en terre argileuse blanche. Juste un lit équipé d'une moustiquaire, c'est tout et c'est largement suffisant pour bien dormir.

Non loin de là on peut faire une excursion à moto dans la brousse. Les dômes de Fabédougou sont des formations naturelles en grès dont les strates sont bien visibles. L'érosion les a façonnées en forme de dômes. Plus loin la jolie cascade de Karfiguéla permet de se baigner et de se rafraîchir car il fait très (trop) chaud !



Encore un peu plus loin, les pics de Sindou sont un lieu sacré. C'est une formation géologique de 5km de long sur 1km de large. Ce massif de grès, dont l’origine remonte au retrait de la mer il y a 500 millions d'années, s’élève en cheminées sculptées par l'érosion. Avec un peu d'imagination, on peut deviner des formes d'animaux ou de personnes.




Une femme portant son bébé est menacée par un cobra.
Le lac est un lieu paisible et reposant. Prendre son petit-déjeuner au bord de l'eau en regardant la nature s'éveiller est un moment privilégié.
Le soir on assiste au coucher de soleil...

...et le matin au lever de soleil lors d'une excursion en pirogue.

Une multitude de nénuphars en fleurs parsèment la surface du lac. L'excursion est courte, on ne va pas loin. Il s'agit juste d'essayer de voir la star du lac. Je n'ai vu qu'un seul spécimen qui a juste daigné me montrer sa tête énorme. Mais quand il se met à bailler, l'effet est très impressionnant.
C'est mon premier hippopotame sauvage !

Bobo Dioulasso.
Bobo, comme on l'appelle familièrement, est la deuxième ville du pays. Il y a du monde, il y a des voitures, des motos, des bus, donc de la pollution. La chaleur n'arrange pas le phénomène, c'est irrespirable. On peut visiter les alentours en taxi ou en moto-taxi. Le village de Koumi est particulièrement intéressant, c'est un village bobo datant du XIème siècle. La latérite rouge donne au village une luminosité particulière. Les cases possèdent un étage, les pièces du bas sont habitées pas les femmes, tandis que celles du haut sont le domaine des hommes.


Les habitants de Koumi sont animistes. Des sacrifices de poulets, de pintades ou de chèvres sont effectués avant les récoltes pour que celles-ci soient abondantes, pour invoquer la pluie, et aussi avant un évènement familial pour que tout se passe bien.

En direction du site sacré de Dafra, je me suis arrêté près d'une maison isolée. C'était d'une beauté assez indescriptible. Ces femmes, occupées au taches journalières tout en s'occupant de l'enfant, sont belles, gentilles, réservées, aux gestes précis maintes fois répétés, toujours avec cette douceur dans le regard. C'est l'Afrique comme je l'aime avec des africain(e)s sociables et aimables. C'est une très belle Afrique.



Changement de décor...Bobo Dioulasso, c'est la scène culturelle du pays, notamment à travers la musique. La musique et la danse, c'est leur truc, la bière et les boites de nuit aussi, ils sont fêtards et se couchent à des heures pas possible...Mais si on veut écouter de la bonne musique, c'est à Bobo qu'il faut venir. Le bar "les Bambous" par exemple, propose des concerts de griots en plein air. Les griots sont des musiciens-conteurs jouant du balafon (xylophone), la kora et le tam-tam accompagnés de chanteurs ou de chanteuses. Rapidement, les jeunes entrent dans la danse, l'ambiance est excellente.

Tout comme au Farafina Love (l'amour africain) encore plus authentique, dans la rue.

Au centre de Bobo, le grand marché est un lieu de vie où règne quelques rabatteurs assez pénibles nous conduisant directement dans leurs boutiques et les phrases clés sont parfaitement rodées et débitées, nous culpabilisant si on ne prend pas le temps de les écouter et d'acheter. Bon, je suis maintenant accoutumé à ces gens-là, je les envoie vite balader, je suis poli mais ferme, moi aussi j'ai mes phrases bien rodées. Mis à part ces enquiquineurs, c'est un beau marché, les vendeurs et les vendeuses sont de bonne humeur et c'est dans un lieu comme celui-là qu'on peut mesurer la jovialité et l'humour des burkinabés, car ils n'en manquent pas.

Il faut être curieux et attentif parce que la rue est un spectacle original de tous les jours et de tous les instants, comme ce taxi-brousse transportant sur le toit une moto, deux chèvres et quatre vaches, dont deux vivantes et deux égorgées. Le sang a dégouliné à l'arrière du véhicule.

En face de la grande mosquée (en travaux), le vieux Bobo se visite avec un guide. Les habitants du quartier sont animistes et pratiquent la danse des masques.

Les scènes de rues sont belles, parce que tout se passe dans la rue, les africains vivant dehors. Le commerce se fait dans la rue et sur les nombreux marchés, les réunions de quartiers ou du village se tiennent sous l'arbre à palabres ou sous le baobab sacré, les enfants jouent dans la rue, les hommes jouent aux dames dans la rue, les femmes cuisinent dans la rue...


L'amour maternel.
Tiébélé.
C'est le village de l'ethnie Kassena. On vient à Tiébélé pour visiter la Cour Royale du roi des Kassena. La cour est constituée de plusieurs cases, entourées d'un mur d'enceinte, dans lesquelles vivent les membres de la famille du roi. Une seule porte étroite ouvre vers l'extérieur.

Les cases peuvent être de 3 formes. Les rondes au toit de paille appelées "dra" sont réservées aux hommes célibataires. Les rectangulaires "mangolo" couvertes en terrasse, sont attribuées aux jeunes couples, la femme vient vivre dans la famille de son mari. Les cases en forme de huit "dinian" sont pour les vieux couples, les vieilles femmes et les enfants en bas âge. Ceci implique que le village change d'aspect avec le temps et que certaines cases se construisent alors que d'autres sont abandonnées.

On retrouve dans la cour les greniers à céréales.

La construction traditionnelle à partir de terre, d'eau et de bouse mélangées se voit maintenant suppléée par la brique de terre crue moulée et séchée au soleil. La porte d'entrée des cases est basse, souvent de forme arrondie. Les hommes s'occupent de la construction ou de la réfection des cases durant la saison sèche.
Les femmes crépissent et décorent les murs de motifs géométriques durant les mois de mars à mai. En utilisant des plumes de pintade comme pinceau elles représentent des symboles qui devront porter chance au lieu, préserver les récoltes et maintenir les ancêtres dans les mémoires. Ils sont animistes.


Les toits servent à faire sécher les maigres récoltes. A la période la plus chaude de l'année, les habitants y dorment à la belle étoile allongés sur une simple natte.
Une demande a été faite pour l'inscription de la Cour Royale au patrimoine mondial de l'Unesco. Elle le mérite car c'est un patrimoine culturel riche et bien préservé.

Femme burkinabé allant vendre du bois au marché de Tiébélé. Il faut bien vivre...






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