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Le Sénégal : une Afrique noire haute en couleurs.

  • jpln56
  • 2 nov. 2018
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 oct. 2022

Le Sénégal est un pays de 16 millions d'habitants, la capitale, Dakar, en compte à elle seule plus de 3 millions. 80% des sénégalais sont musulmans, plus quelques chrétiens et animistes. La monnaie est le franc CFA, le français est la langue officielle, bien que la langue nationale soit le wolof. Le Sénégal, ancienne colonie française, a acquis son indépendance en 1960.

Dakar.

Dakar est une ville étendue, la circulation est infernale et je ne comprends rien aux transports en commun, bref, c'est bordélique. Le taxi est le mode de transport le plus facile. Chaque chauffeur applique son tarif, il faut juste veiller qu'il ne soit pas abusif, un petit marchandage rend finalement les déplacements pas trop chers (dans les 3€)

Je me suis dit que j'irais bien voir une plage, la plage de Yoff par exemple au nord de la ville. Comme son nom l'indique, c'est une plage. Comme son nom ne l'indique pas, c'est un dépotoir. Beaucoup de plastique, des canettes, des vêtements, des poissons morts, des rats crevés…Le respect de la nature n'est pas sénégalais. Le ministre de l'environnement (s'il y en a un) doit être en train de tester les chaises longues sur les plages du pays sous les cocotiers, en bonne compagnie...

C'est une plage de pêcheurs avec un petit marché aux poissons à une extrémité. Des dizaines de bateaux en bois, effilés et colorés, sont alignés sur la plage. A l'heure à laquelle je suis passé, en fin de matinée, les pêcheurs étaient rentrés.

Partout ailleurs dans le monde où j'ai vu des pêcheurs, les bateaux sont mis à l'eau ou remontés sur la plage à l'aide de rondins en bois. A Yoff non, les bouteilles de gaz c'est mieux ! Il y en a partout sur la plage, elles sont rouillées, éventrées...

N'y a-t-il pas d'autorités dans la ville ? N'y a-t-il pas un service environnement dans une capitale sensée être la vitrine d'un pays ? On dirait que non.

Il y a aussi des chevaux tirant des charrettes, on y lave les moutons et les chiens, les femmes viennent déverser les eaux usées. C'est un spectacle invraisemblable où personne n'est préoccupé par l'ordre et la propreté. C'est désolant...

J'ai vu des dizaines de femmes ou de jeunes filles déverser des seaux ou des bassines sur la plage. De ce que j'ai vu, il y a de l'eau de vaisselle et de lessive sûrement mais aussi des eaux dont la couleur rappelle celle des toilettes après un repas mal digéré...Bref, la mer, c'est leur station d'épuration. Réveillez-vous monsieur le ministre !...

Sur le petit marché, les étals de poissons ne sont pas très garnis, j'ai surtout vu des bonites et quelques petites daurades. Chacun repart avec son maigre repas du jour.

L'île de Ngor est sans doute le seul endroit de Dakar où la propreté est respectée. L'île est située au nord de Dakar et son accès est très facile, il ne faut que 5 minutes en bateau pour y aller. Le tour de l'île fait 3 km. Les 2 plages sont propres, surtout celle, plus tranquille, où il y a le restaurant "l'Oasis de la petite plage". Les ruelles sont bien entretenues, c'est arboré et fleuri. C'est le rendez-vous dominical des familles plutôt aisées de Dakar qui viennent en nombre faire leur BBQ ou manger dans les restaurants de l'île.


On y loue son emplacement pour pas cher avec un matelas ou une chaise longue sous un parasol. La baignade est facile, il n'y a pas de vagues, il fait 35°C à l'ombre et l'eau est chaude. On ne se croirait pas à Dakar.

J'y suis allé 2 fois, une fois seul et une fois accompagné. La fois où j'étais accompagné, j'étais avec Margaux, une jeune et pétillante bretonne bénévole avec moi au festival interceltique de Lorient !!!...Eh oui, le monde est grand et petit à la fois.

On a passé un vrai bon moment sur l'île où on est resté près de 2 heures chez Mamadou le villageois. C'est une maison d'artistes, des peintres et des sculpteurs sur bois. On a bu le thé et mangé du poisson dans le plat commun avec les artistes. Ils sont aussi musiciens, joueurs de djembé. Il y a du talent et une belle énergie positive sur l'île de Ngor.

Saly et Mbour.

Les 2 villes sont voisines, situées au sud de Dakar. Saly est la ville touristique et Mbour le port de pêche, le deuxième du pays après Dakar.

Saly est une ville nouvelle qui a vu le jour dans les années 80, à l'époque du boum touristique. Il y a une plage, propre mais sans charme, bordée de cocotiers et de resorts, la baignade n'est pas dangereuse et l'eau est chaude, mais c'est tout.

De nombreux expatriés sont venus s'installer à Saly et dans les environs proches, surtout des français et des belges, le Sénégal étant francophone. Il y a les actifs, ceux qui tiennent des hôtels, des restaurants, des agences immobilières ou des magasins de vêtements chics. Le profit côtoie la pauvreté, c'est un mélange sans pitié.

Et puis il y a les retraités expatriés et imbibés dont les occupations favorites sont les jeunes et belles sénégalaises, et l'alcool. Chacun à la fin de vie qu'il mérite...Saly est une destination de tourisme sexuel, les autorités ferment les yeux, l'afflux des touristes, qui plus est si ce sont des résidents, c'est bon pour l'économie de la ville.


Les écoles coraniques sont nombreuses dans le pays. J'en ai vu quelques unes, il n'y a que dans une seule que j'ai été autorisé à prendre des photos. C'était un cours donné en plein air par un marabout à un petit groupe d'enfants envoyés là par leurs parents. Ce n'est pas une école obligatoire.











Les élèves sont jeunes, des garçons et des filles, à l'âge de l'innocence. Le but est de leur faire apprendre le Coran par cœur, c'est le premier livre qu'ils ont entre leurs mains et pour certains se sera le seul. C'est un vaste débat que je ne vais pas commencer ici, mais il y a des faits que je ne saurais taire. Le Sénégal a un problème car en venant à Saly en taxi collectif, je suis passé devant deux écoles appelées "internat pour la mémorisation du saint coran". En parallèle, dans les lieux les plus touristiques du pays, comme Saly et Cap Skiring en Casamance, il y a des discothèques avec des filles faciles, des salons de massage avec "finition" et l'alcool coule à flot. C'est peut-être ça l'islamisme modéré, moi je veux bien, mais dans ce cas-là, qu'ils laissent les enfants tranquilles avec le Coran. Ils sont une proie facile parce qu'on sait bien, toutes religions confondues, que si l'éducation religieuse commençait à 20 ans, plus personne ne croirait.

J'ai quitté le monde des croyants depuis longtemps et je suis triste quand je vois ces enfants mendier dans les rues le matin avec leurs petites gamelles en plastique, mal habillés, on les appelle les talibés. Ils sont forcés par leurs maîtres coraniques à rapporter de l'argent, ils sont souvent maltraités et les écoles sont insalubres. Mais c'est fini tout ça, l'Etat providentiel est là ! Depuis juin dernier, le gouvernement sénégalais a adopté un projet de loi portant sur la réforme des daaras "écoles coraniques". La réforme est financée par...la Banque islamique de développement ! Donc de changement il n'y aura pas...

Circulez, y a rien à voir. Allah est grand !!!

Au marché aux poissons de Mbour, à la fin de la journée, à l'arrivée des pêcheurs, c'est l'effervescence.


La foule et le désordre dans un décor assez surréaliste lorsqu'on s'y promène. Les bateaux à peine déchargés, le poisson va à la criée ou bien une partie est vendue sur la plage, essentiellement par des femmes. Les poissons traînent par terre, sont écaillés et vidés sur place. Les effluves nauséabondes chatouillent les narines.






Prier dans ce marasme, avec un bébé dans le dos, ça relève du défi . J'ai pensé que l'enfant allait faire un roulé boulé sur la plage, mais non. A bien y regarder, il est attaché à sa mère pieuse par les poignets. Quand on a la foi, il faut savoir être astucieux.

Mais je ne suis pas resté longtemps sur ce marché car comme tous les jours depuis que je suis dans le pays je suis vite repéré puis abordé et harcelé par des mecs qui veulent me faire visiter le quartier, le port, le marché et qui demandent de l'argent pour la communauté, la coopérative, l'école coranique ou leur village en Casamance. Je ne suis pas dupe, je sais bien que c'est pour eux-mêmes. Il est difficile de s'en débarrasser et comme ça tous les jours, c'est fatigant. C'est un vrai problème au Sénégal parce que beaucoup de touristes ne reviennent pas à cause de ces gens-là.


Le jour où j'étais à Saly, il y a eu un évènement. Le président de la république, Macky Sall, venait voir les travaux d'aménagement de la côte. J'ai eu droit à un spectacle de rue, une ambiance de carnaval avec djembés, danses et tenues de gala. C'était bruyant, coloré et très bon enfant. J'ai attendu pendant une bonne heure l'arrivée du président, mais il était en retard. Il faisait ce jour-là 37°C à l'ombre, c'était intenable. Je suis donc parti, c'est la raison pour laquelle le président du Sénégal m'a manqué de peu. Il ne peut s'en prendre qu'à lui-même, je n'aime pas qu'on me fasse attendre...




Le Sine Saloum.


Il fallait que je fuie les villes pour me réfugier dans la campagne sénégalaise en espérant qu'on me fiche la paix.

Le Sine Saloum tient son nom du fleuve Saloum et de son affluent le Sine. Le delta du Saloum est une zone naturelle constituée de mangroves, de lagunes, de forêts et de quelques îles habitées. Les principales activités sont la pêche artisanale et le tourisme.

Au moins ici je respire, c'est le retour à la nature et on me laisse tranquille. Toubacouta a été mon point de chute pendant 3 jours, au calme, chez Youssou qui tient un petit campement. J'ai partagé les repas avec la famille, j'ai vraiment reçu un très bon accueil familial.

J'adore cet endroit riche en biodiversité, j'ai fait 2 sorties en pirogue à moteur et j'ai pu constater la richesse de la faune, notamment les oiseaux. Le delta du Saloum regorge de mangroves que l'on trouve dans les zones tropicales. Elles sont constituées de palétuviers, ces arbres perchés sur leurs racines qui sortent de l'eau. La mangrove a un effet stabilisateur des zones côtières en cas de cyclones et de tsunamis. Je me rappelle avoir vu des campagnes de reconstitution de la mangrove en Indonésie, pays concerné par ces phénomènes climatiques extrêmes.









Naviguer dans ce milieu naturel est un vrai régal. La mangrove est impénétrable et renferme sur elle des milliers d'oiseaux. J'ai vu des aigles pêcheurs, des hérons goliath, des aigrettes, des ibis, des cormorans, des pélicans, des merles métal, des tisserands. Et une eau limpide et lisse, métallique, propice aux plus beaux reflets.

Quelle richesse ! Il faut aller au moment du coucher de soleil voir l'île aux oiseaux, là où viennent dormir des centaines d'oiseaux après avoir passé leur journée à pêcher dans le delta. La nature peut être une merveilleuse artiste qui sait enchanter le voyageur à la recherche de l'esthétique, du beau et du calme tout simplement.

Dimanche, c'est jour de marché. Je suis allé avec Youssou faire des courses et acheter le repas du soir sur un marché dans un village voisin dont j'ai oublié le nom. J'en ai vu des marchés au cours de mes voyages, mais pas encore en Afrique noire. Je ne vous étonnerai pas en vous disant que c'est sale, tout est à même le sol. J'ai acheté de la viande de boeuf et des haricots...J'ai été malade toute la nuit qui a suivie et pas bien les jours suivants...

Mais c'est aussi et surtout très coloré. Les sénégalaises, aussi bien les vendeuses que les acheteuses, ont revêtu leurs plus belles robes avec les foulards négligemment noués sur la tête, mais toujours assortis. Les enfants sont là aussi, nombreux, il n'y a pas école le dimanche.

Les villageois des alentours viennent au marché avec leurs petites charrettes, c'est le moyen de locomotion utilisé dans les campagnes où les villages sont reliés par des pistes étroites et sablonneuses. Ils s'en retournent dans leurs villages au rythme lent des ânes à l'air triste.

La Casamance.

Pour aller en Casamance, j'ai pris, comme lors de tous mes déplacements au Sénégal, un taxi collectif 7 places (8 avec le chauffeur)

Ce sont des vieilles Peugeot 504 ou 505 d'un autre âge, complètement déglinguées, qui polluent et qui tombent en panne. On part quand le véhicule est plein. Le trajet entre Kaolak et Ziguinchor a duré 8 heures. On était serrés comme des sardines et il faisait 40°C dehors. A huit à l'intérieur, j'vous dis pas la fournaise !


La Casamance est une région du sud, contrariée, coincée entre la Gambie au nord et la Guinée Bissau au sud. Pour y aller, il faut donc traverser la Gambie, ce petit pays anglophone enfoncé comme un coin dans les flancs du Sénégal. Et traverser la Gambie, ça vaut son pesant d'or. C'est un pays hors du temps, une autre planète. La traversée dure une heure entrecoupée par le passage de 4 postes frontières et une traversée du fleuve Gambie en ferry. La Casamance est elle-même coupée en deux d'est en ouest par le fleuve Casamance qui se jette dans l'Atlantique en formant aussi un delta. Il y a toujours des rebelles indépendantistes, d'où la présence des nombreux check-points tenus par des militaires ou des policiers.

Je me suis installé quelques jours sur l'île de Carabane, une île située à l'embouchure du fleuve Casamance. C'est un endroit à part au Sénégal. Tous les habitants disent "Bonjour. Kasumai ? ça va? Kasumai baré. ça va bien". Et ils discutent, comme ça de tout et de rien dans une atmosphère très chaleureuse. Je n'ai pas vu beaucoup d'endroits aussi sympathiques que l'île de Carabane. Entre eux, les casamançais parlent le diola.

Carabane ne compte que quelques dizaines d'habitants et peu de touristes viennent s'y aventurer. Il n'y a pas de réseau électrique sur l'île, ceux qui ont l'électricité sont ceux qui sont équipés de petits panneaux solaires. Pas de route, pas de véhicules, pas de vélos. La partie habitée de l'île est minuscule, on fait le tour du village en trente minutes. Heureusement les gens parlent, le temps passe comme ça, à pas faire grand-chose. Le temps passe à prendre son temps...

Une longue plage de sable blanc s'étire le long du village de Carabane, bordée de palmiers et de filaos et de quelques hébergements modestes. L'eau est chaude mais à marée basse, on a l'eau seulement jusqu'aux genoux. A l'intérieur du village les arbres sont magnifiques, des arbres tropicaux. Les villageois s'affairent lentement au pied des baobabs.

A gauche, un manguier, à droite, un fromager, au milieu, des baobabs.


On peut aller en pirogue de l'autre côté du fleuve Casamance, sur l'île de Diogué. C'est une petite île de pêcheurs, des sénégalais, mais aussi des guinéens, des nigérians et des ghanéens.

Il y a une grosse activité sur l'île. En plus des poissons du jour, vidés sur la plage, une quantité impressionnante de poissons est mise à sécher pendant plusieurs jours sur des étals, principalement des requins marteaux et des raies, ils seront expédiés au Ghana. Sous la chaleur torride, l'odeur est pestilentielle !

A Carabane, j'ai dormi chez l'habitant, chez Léon le rasta, sa femme Adi et leurs trois enfants. Ils ont deux chambres basiques mais confortables au bord de l'eau. Il faisait chaud, je dormais la porte ouverte sur la relative fraîcheur, bercé au doux son du clapotis de la Casamance. L'accueil est excellent, d'une grande gentillesse qui caractérise l'île toute entière. Je suis resté quatre jours chez eux, j'étais bien, trop bien. Carabane est une île à part et fait partie des rares endroits que j'ai eu du mal à quitter.

Adi est grande, belle, élancée, toujours souriante, elle a la grâce africaine. Elle est couturière, et travaille toute la journée sur sa machine à coudre Singer. C'est chez elle, tous les jours, une exposition de couleurs africaines.

Si vous venez un jour au Sénégal, ne manquez surtout pas l'île de Carabane en Casamance. Il n'y a pas mieux dans le pays. C'est ici que j'ai fait les plus belles rencontres.

Kasumai ? Kasumai baré !

 
 
 

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JEAN-PIERRE

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