Le Maroc : du mont Toubkal à Essaouira.
- jpln56
- 11 oct. 2018
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 oct. 2022
Le trek du Toubkal.
Je commence ma traversée de l'Afrique par le Maroc que je visite pour la quatrième fois, avec, une fois n'est pas coutume, un groupe d'amis. Ils ont pour défi d'accomplir l'ascension du mont Toubkal, le sommet de l'Afrique du nord culminant à 4167m. C'est leur première expérience de la haute montagne et pour moi la troisième ascension du Toubkal.
Nous sommes un groupe de 8 personnes, accompagnés par 2 guides, 5 muletiers dont un cuisinier, et 5 mules. Une véritable expédition !

Au premier rang : Jean-Pierre, Jean-Luc, Denis, Brigitte, Caty, Philippe. Au deuxième rang : Alain et Sylvie.


Nos amis berbères. Les guides Omar et Houssein et les 5 muletiers (Mohammed, Mohammed, Fikyoul, Abdrahim, Hassen)
Cette année le mois de septembre est exceptionnel...Marrakech et l'Atlas sont la proie d'orages violents ayant causés des dégâts dans quelques villages de montagne. A cause de ces conditions climatiques défavorables le parcours de notre trek de 6 jours que j'avais préparé a été modifié par les guides. Il a été rendu plus facile pour nous et pour les mules mais tout aussi beau, et surtout, l'ascension du Toubkal n'a pas été remise en cause. Nous avons eu la chance de marcher par beau temps dans la journée. C'est à partir de 15h, que la pluie et les orages faisaient leur apparition.
C'est parti pour 6 jours de marche dans l'Atlas !
Nous avons traversé des bergeries ancestrales, la première au départ d'Oukaimeden.

Nous avons longé, surplombé, dévalé des vallées profondes absolument magnifiques comme celle qui mène à Tacchedirt.

Les petits villages berbères accrochés à la montagne semblent assoupis, mais les villageois sont bien là, au travail dans leur oasis de verdure, signe qu'il y a de l'eau. Et pour eux, l'eau, c'est la vie !


C'est beau à voir, mais il a fallu s'employer, monter, descendre, franchir des rivières à gué. Nous avons eu le temps de visiter les villages une fois les journées de marche terminées. Comme le village de Taccheddirt (2314m)


Dans le joli village d'Aremd (1920m), les petites filles se font belles le dimanche.


Après ces deux premières journées faciles et agréables, il est temps de prendre de l'altitude et de monter à l'assaut du Toubkal. Pour ce faire, nous montons les 1300 mètres de dénivelé entre Aremd et le refuge Toubkal, là où nous allons bivouaquer deux nuits à 3207m d'altitude.

Notre bivouac et le refuge Toubkal en arrière-plan.
Il fait froid. Si plus bas nous avions de la pluie, au-dessus de 3000m, il tombe de la grêle...et au-dessus de 4000m tombe la neige ! Je rencontre un australien qui me dit qu'il n'est pas monté le matin-même jusqu'au sommet à cause du vent et de la neige. En plus de ça, nous sommes allés voir le départ de l'ascension et à la vue du pierrier et de ce qui nous attend au-dessus, il y a de l'inquiétude et du stress au sein du groupe...
C'est le quatrième jour de marche, le jour J, mardi 25 septembre 2018. Debout à 4h, il fait nuit, nous prenons le petit-déjeuner en silence. Il fait froid, mais c'est supportable. Nous partons à 5h à la lampe frontale pour une ascension de 960m de dénivelé.
Le début est difficile dans le noir, nous marchons sur de gros blocs rocheux pour atteindre le pierrier. Quelques membres du groupe ont du mal a évacuer le stress mais ils sont habitués à l'effort, ils vont s'accrocher jusqu'au bout. Assez vite nous trouvons sur le chemin la grêle tombée la veille et qui n'a pas fondue. Le terrain est glissant. Je suis venu avec de vieilles chaussures, des pneus lisses comme je les appelle. Quelle connerie ! J'avais tout prévu sauf la neige...C'est la galère, je patine sans arrêt, je n'ai pas de bons appuis et je suis obligé de marcher sur les pierres en dehors du chemin. Des ascensions j'en ai vu d'autres et des plus difficiles, j'irai au bout, ce n'est pas le problème, même si je ne suis pas dans une forme olympique, mais je suis énervé après moi-même.
Mais au fil de l'ascension et de l'adaptation aux conditions, tout le monde trouve son rythme en même temps que le jour se lève et nous restons groupés, ce qui est essentiel. A 4000m d'altitude, c'est la neige qui recouvre le chemin, la dernière partie est donc plus délicate mais plaisante et surtout inattendue au Maroc à cette époque de l'année.

Mais grâce au rythme de sénateur adopté par notre guide Houssein, c'est ensemble que nous arrivons au sommet du Toubkal, à 4167m. Ce n'est que du bonheur, tout le monde se congratule et ça s'arrose ! Les fioles de Whisky et de Cognac circulent entre nous pour fêter l'évènement. Même le gwenn a du (le drapeau breton) est déroulé pour l'occasion...Bravo à toute l'équipe !
Il fait beau, la vue est presque totalement dégagée, c'est impressionnant. Nous restons au sommet pendant 45 minutes pour apprécier ce moment qui restera dans notre mémoire.

La descente a été longue et éreintante à cause de la neige et du terrain glissant. C'est fatigués mais satisfaits que nous arrivons au bivouac où nous allons passer l'après-midi à récupérer des efforts et où nous allons passer notre deuxième nuit.
Le lendemain nous grimpons encore à 3650m au col d'Aguelzim. Là-haut, un berbère tient une buvette ! Il propose des sodas et du thé à la menthe... La vue est splendide, c'est peut-être le plus beau panorama du trek.


Pendant la montée au col. Notre groupe et nos mules avec le Toubkal enneigé en arrière-plan.

La dernière journée nous descendons une magnifique vallée où se succèdent les plus beaux villages berbères. Nous prenons notre temps, nous flânons, nous savourons ce que nous avons accompli durement. Les bivouacs et la dure ascension du Toubkal sont encore dans les esprits. Mais nous avons aussi chanté et dansé lors de deux soirées Breizh/berbères mémorables, nous nous sommes lavés dans un minuscule hammam de 2m2 à Tacchedirt, nous avons mangé une chèvre sauvage, nous avons été souvent émerveillés par la beauté de l'Atlas et la gentillesse des habitants des villages traversés.
C'est ce qu'on appelle un trek réussi.

Sur le groupe de huit, trois sont rentrés en France à l'issue du trek. C'est donc à cinq que nous allons passer une deuxième semaine au Maroc.
(Luc & Brigitte, Alain & Sylvie, et moi)
Marrakech.
Changement radical de décor et d'ambiance !

C'est la ville la plus touristique du Maroc. Donc, il y a du monde sur la place Jemaa El Fna qui se transforme le soir en un immense restaurant à ciel ouvert fait de dizaines de gargotes proposant des tajines, couscous, brochettes, etc...Les rabatteurs sont agressifs, c'est insupportable. Non loin de la place, la Koutoubia, la plus grande et la plus ancienne mosquée de la ville (XIIème siècle)
Marrakech est surtout connu pour son souk, le plus grand du Maroc. On y trouve de tout, de la poterie, des bijoux, des luminaires, des étoffes, du bois, du cuivre, du cuir, des babouches, de la vannerie, de la ferronnerie, des tapis, des épices, des minéraux,...C'est la foule et si vous avez le malheur de vous intéresser à quelque chose, vous aurez du mal à vous débarrasser du vendeur qui vous aura accosté, flairant le touriste-pigeon. Mais c'est un beau souk.


Il ne faut pas manquer les palais comme Dar Si Saïd et le palais de la Bahia.
Pour s'y rendre, il faut prendre le temps de se perdre dans les ruelles aux couleurs chaudes débordant d'échoppes, de restaurants, d'hôtels et de riads. Et il y a l'ambiance marchande,avec ses odeurs et ses senteurs.

Le musée Dar Si Saïd est une maison du XIXème siècle construite par Si Saïd, le frère du grand vizir Ahmed Ben Moussa. Aujourd'hui elle abrite le musée national des tapis marocains constitué de magnifiques spécimens du XIXème et du début du XXème siècle. La maison vient d'être totalement rénovée. Les tapis, les sols et les murs en zellige (mosaïque) , les plafonds, les lustres, les portes rivalisent de beauté sur deux étages. Dans cette éblouissante demeure, ce jour-là, tout était beau.


Au milieu, un patio planté d'orangers, de bananiers, de palmiers dattiers, de grenadiers et de fleurs procure de la lumière et de la fraîcheur. C'est une maison magnifique !

Le Palais de la Bahia est immense, constitué de plusieurs riads et de plusieurs patios. Il est en travaux, mais se visite quand-même.
Que dire de la cour d'honneur de 50m de long sur 30m de large, si ce n'est que c'est une merveille !

Les cascades d'Ouzoud.

Signe que les orages sévissent depuis plusieurs jours, les sources et les rivières ont été charriées en amont. Les eaux de la cascade sont couleur marron, ce qui la dénature forcément mais nous avons quand-même pu l'apprécier car elle reste belle malgré tout et elle est située dans un cadre naturel grandiose et très beau. Nous avons pu nous en rendre compte en faisant un journée de marche dans les environs sous un soleil de plomb.

Il y a quelques années, une image que les touristes ramenaient du Maroc, c'était les mouches sur la viande sur les étals des bouchers dans la rue. C'est de plus en plus rare, nous en avons peu vues. Pour s'en préserver, ils prennent des précautions qu'ils ne prenaient pas auparavant. En enveloppant tout simplement la viande dans un torchon humide. Il suffisait d'y penser. C'est ce que nous avons constaté dans le village de Ouzoud en voyant pendre ces chèvres et ces moutons...

Essaouira.


Se promener dans la Médina de Essaouira, c'est remonter le temps. Le temps où la ville s'appelait Mogador, ainsi baptisée par les portugais. On peut facilement imaginer la vie dans cette ville côtière si prospère au XIXème siècle quand la communauté juive était plus nombreuse que les musulmans. Le jour où nous y étions, la ville était enveloppée dans une brume persistante qui ne s'est levée qu'au coucher du soleil…
Se perdre dans ses ruelles est un délice nostalgique.

Enserrée dans ses remparts, une ruelle par-ci, une placette par-là, une petite boutique, un artisan du bois au travail, une bicyclette appuyée contre un mur couleur indigo, de magnifiques portes, à Essaouira, le charme opère.

L'artisanat est prolifique et magnifique, c'est une ville d'artisans et d'artistes. Le produit essentiel dans la région et dans la ville est l'huile d'argan et ses dérivés. La rue de la Squala regorge d’œuvres d'art, notamment la marqueterie sur bois de thuya., la poterie, la vannerie, l'orfèvrerie, les tapis bien sûr et les nombreuses galeries de peinture. C'est une ville d'histoire et d'art.



Au retour de la pêche, dans l'après-midi, le port ineffable s'anime. Le port d'Essaouira est si caractéristique avec ses barques bleues, thème prisé des artistes peintres.

Le bruit et les odeurs vous enveloppent, vous subjuguent, c'est un lieu incroyable !

Ici, pas de normes d'hygiène. Pourquoi on nous embête tout le temps avec ça ? A Essaouira, c'est un désordre indescriptible, fascinant. On vend et on achète, c'est tout. Assurément surréaliste !



Essaouira. A ne pas manquer !





Commentaires